Junta : petites trahisons entre amis

 

 

Junta est un jeu de société américain publié à la fin des années 70. Il prend place en pleine guerre froide, dans une république bananière fictive, rongé par les abus de pouvoirs, la corruption et les manipulations politiques. Chaque joueur incarne une des sept familles les plus puissantes du pays et son but sera de s'enrichir le plus possible et de placer son pactole sur son compte en Suisse.

 

Comme vous l'avez sûrement compris, Junta joue la carte de l'humour et de l'absurde. Mais si j'écris un article à son propos, ce n'est pas pour cet aspect, mais plutôt pour son système de jeu particulier qui malgré son aspect contraignant réussit à le rendre unique en exploitant au mieux les mécaniques propres aux jeu de société.

 

Les règles

 

Avant d'aller plus en profondeur dans ce qui fait la spécificité et l'intérêt de Junta, il me paraît primordial de faire un point sur ces règles qui ce révèlent assez complexes.

 

Il se joue de 4 à 7 joueurs et le but de chacun sera donc de d'emmagasiner le plus d'argent possible sur le compte en Suisse familiale. Pour cela il devra se trouver une place dans le gouvernement afin de percevoir un financement régulier de la part de l’État. Il pourra également s'aider de cartes aux effets variés permettant d'ajouter une dose d'aléatoire et de faire osciller le pouvoir en place.

 

Le jeu se déroule sous forme de tours décomposés en phases.

 

En début de jeu, il convient de former un gouvernement, le joueur pourra utiliser ses cartes afin de réunir des votes. En effet, une bonne partie des cartes composant le jeu sont des cartes d’électeur, représentant une partie de la population qui vous écoutera et votera comme vous le décidez.

 

Les joueurs doivent donc se réunir afin de voter pour l'un d'entre eux pour le poste de président, une fois celui-ci élu, il lui revient la tâche de constituer son gouvernement, constituer par ordre d'importance du ministre de l'intérieur, du commandant des forces de l'air, de l'amiral de la marine, et des 3 commandants des garnisons constituant la force armée de l’État.

 

Le président à la possibilité de changer son gouvernement à chaque début de tour, avec la contrainte cependant d'accorder au moins un poste à chaque joueur.

 

Il pourra ensuite remplir ce qui se révèle être sa tâche la plus importante, c'est à dire définir le budget. Pour cela il tirera 8 billets dans la pile et décidera ensuite du budget à allouer pour chaque membre du gouvernement et gardera l'argent qu'il n'aura pas distribué.

 

La valeur des billets va de 1 à 3 millions de Pesos, mais seul le président est au courant du montant réel du budget ce qui lui permet de cacher le montant de ses revenus réels.

 

Viens ensuite la phase de positionnement, lors de celle-ci, chaque joueur choisi le lieu où va se rendre le membre de la famille qu'il joue pour ce tour. Il existe cinq emplacements différents.

Les trois premiers, la maison, la maîtresse et la boite de nuit sont des lieux sans importances particulières.

Le quatrième a par contre lui un rôle bien plus important, puisqu'il permet au joueur si rendant de déposer l'argent qu'il possède sur lui dans son compte en Suisse et ainsi marquer des points de victoire pour la fin de partie.

La derrière est le quartier général, tout joueur qui si rend, à l'exception du président, pourra décider de se retourner contre ce dernier et de d'initier une rébellion afin de le détrôner.

Les positionnements des joueurs ne sont révélés qu'à l'issue de la phase suivante, la phase des assassinats. En effet, Junta permet au joueurs d'essayer de s'assassiner les uns les autres afin de nuire à un rival trop entreprenant et surtout récupérer son argent.

 

Pour assassiner un quelqu'un, le joueur devra utiliser une carte approprié ou être ministre de l'intérieur, qui bénéficie d'un assassinat gratuit par tour. Il devra ensuite désigner le joueur qu'il souhaite assassiner, ainsi que le lieu où se rendra l'assassin pour commettre son crime. Bien entendu, si le joueur n'était pas à l'emplacement annoncé il ne lui arrive rien, à part la certitude de s'être fait un nouvel ennemi.

 

 

 

La dernière phase est elle optionnelle puisqu'il s'agit de la rébellion, si un événement justifiant un tel acte, comme une carte spécial, alors chaque joueur pourra décider de devenir rebelle et d'essayer de renverser le président.

 

La phase de rébellion ce déroule sur le plateau de jeu. Pour gagner, les rebelles doivent réussir à contrôler au moins trois des cinq zones central du plateau à l'issue des six tours composant cette phase. A chacun d'entre eux, les joueurs pourront déplacer les unités lui appartenant, déterminé par sa place dans le gouvernement. Ils pourront également bénéficié d'unités supplémentaires en jouant des cartes de leur main.

 

Il est important de préciser que, si les joueurs s'étant déclaré rebelle en début de rébellion ne peuvent changer de camp, les autres pourront à tout moment choisir dans l'intérêt du président ou des rebelles et que donc si un joueur non aligné contrôle un des cinq quartiers décisif à la fin du sixième tour, il pourra décider du camp qui gagnera cette rébellion.

 

A l'issue de celle-ci, le camp vainqueur pourra décider d'exécuter un membre du camp adverse et d'ensuite se partager son argent.

 

Le jeu recommence ensuite a un nouveau tour, jusqu'à ce que la pile des billets soit vide. Après ce dernier tour, chaque joueur dévoile le montant total de son compte en Suisse et le gagnant est désigner.

 

 

Petites trahisons entre amis ?

 

Maintenant que les règles sont plus clairement expliqués passons au coeur de cette article, qui lui donne également sont titre. Car oui, Junta est avant tout un jeu de trahison.

 

Ainsi, si les joueurs doivent s'allier afin de pouvoir constituer un gouvernement stable et espérer s'offrir la plus grosse part du budget, il va très vite se former une deux camps s'affrontant pour la domination politique. Mais, ces camps sont amenés à changer au gré de ces dites trahisons, car un joueur avisé se devra de considérer chaque offre se présentant à lui et d'aller au plus offrant afin de maximiser ses gains sur le long terme. Il en découle de longues discussions entre joueurs afin de négocier des termes du prochain mouvement politique.

 

 Ceci est grandement facilité par le fait que les cartes et les l'argent n'est soumis à aucun propriétaire, ils servent donc de monnaie d'échange, ainsi que de moyen de pression lors de négociations.

 

Cela rend le rythme du jeu assez lent, mais oblige chaque joueur à considérer chaque situation avec intérêt afin d'en tirer le maximum de profit.

 Ainsi, les phases de rébellion se dérouleront en majorité en dehors du plateau de jeu, avec des joueurs cherchant à rallier le plus de monde à leurs causes et en marchandant avec tous afin de pouvoir garder une place importante pour la suite des opérations.

 

C'est dans ces retournements de situations que Junta révèle toute sa saveur, avec ces trahisons encourager par le fait que rien n'est réellement acquis, qu'un joueur pourra tout à fait dire à un autre qu'il l'aidera pour les prochaines élections en échange d'argent pour au final garder l'argent et agir de manière différente de celle convenu.

 

Junta est un jeu passionnant et profond. Ça grande force est de tirer profit de la particularité du jeu de société qui est de réunir des joueurs pour jouer ensemble et de les laisser agir de manière la plus approprié, à coup de traîtrises et de manipulations. Cela en fait également son plus grand défaut, car il nécessite de réunir au moins quatre personnes ayant un état d'esprit compétitif et une soif de gagner sans pour autant considérer le jeu pour plus que ce qu'il n'est. De plus chaque partie prendra plusieurs heures, de 2 à 3 pour les plus courtes et pouvant dépasser les 6 heures en fonction du nombre de forces en présences. Si vous avez l'occasion de vous essayez à une partie et que vous considérer que vôtre victoire prévaux sur tout lors d'un jeu, alors n'hésitez pas une seconde. Vous trouverez dans Junta un jeu qui mettra à l'épreuve votre réflexion et vos capacités d'analyse plus qu'aucun autre.